Pays de la Loire
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Visage grave, les lycéens sont sortis du conservatoire des Coëvrons l’esprit empli de réflexions, à l’issue de la représentation du spectacle de danse Salop’art le 3 mai 2019.

Avec une chorégraphie d’Anne Gautier et de Florence Hardy, le spectacle Salop’art dénonce le harcèlement de rue que subissent les femmes au quotidien. En l’espace de vingt minutes, les danseuses emportent le spectateur à travers différentes scènes d’agression que peut subir la gent féminine. Elles illustrent la difficulté de la rémission des victimes, mais elles transmettent aussi un message d’espoir : celui de la rébellion possible vis-à-vis de ces comportements. La scène d’introduction est transcendante : les jeunes filles traversent la scène en recevant des injures depuis les coulisses, peu à peu, elles s’effondrent au sol, terrassées par toute cette violence gratuite. Deux tableaux lui succèdent. L’un représentant une agression de rue qui dévoile les conséquences dévastatrices que peut avoir l’effet de groupe, l’autre représentant une agression sexuelle bouleversante. Ces deux épisodes dénoncent ces violences qui sont souvent banalisées et les traumatismes qu’elles provoquent. Des statistiques apparaissent ensuite sur un écran. Des chiffres sur le nombre de femmes victimes de violences à travers le monde, la différence de salaire entre les genres, le nombre, si faible, des femmes dans le monde de la politique,… Les danseuses viennent une à une sur le devant de la scène pour raconter des remarques sexistes, grossières et choquantes qu’elles ont reçues ou entendues. C’est une véritable dénonciation à travers l’art de la danse.

La musique jusqu’alors sombre et dramatique se transforme, le groupe de chanteuses féministes russes Pussy Riot est suivit de Respect d’Aretha Franklin. Un choix musical adapté pour l’explosion de sentiments qui a lieu sur scène. Les danseuses ne sont plus des victimes, mais des femmes fortes et indépendantes qui ne demande qu’un peu de respect. Elles se relèvent après toutes les persécutions qu’elles ont subies. Sourire aux lèvres, vêtues de couleurs vives, elles dévoilent une assurance et un optimisme inspirant.

La grâce du mouvement et l’émotion que transmettent les danseuses ébranlent le spectateur : la force du message est puissante. Pour certains, cette représentation est révélatrice, pour d’autres, elle résonne et touche personnellement. Le débat qui a lieu à la fin du spectacle permet de faire partager ses ressentis, impressions et réflexions. Des thèmes comme la différence dans l’éducation des garçons et des filles ou la culture de la peur chez ces dernières sont évoqués. Tous les spectateurs étaient charmés et émus (adultes y compris) par cette troupe de jeunes filles. Plusieurs d’entre eux ont évoqué l’idée de présenter cette danse dans le plus d’endroits possibles pour toucher le plus grand nombre. Une seconde représentation est déjà prévue le 3 juillet 2019 au pôle culturel.

Bertille Coutard , élève de 1S1 du lycée Raoul Vadepied